En 2017, Bruxelles Environnement a demandé au jeune bureau d’architecture Piovenefabi de concevoir cinq bars d’été pour plusieurs parcs de la capitale : Maurice (Cinquantenaire), Gisèle (La Cambre), Émile (Duden), Fabiola (Roi Baudouin) et Henri (Georges Henri). Face au succès remporté par ces bars, deux autres ont été ajoutés à l’été 2019 : Jeanne (Rouge-Cloître) et André (Laeken). Ce qu’on appelle couramment les « guinguettes », du nom des lieux éphémères où le Paris du 18e siècle aimait se retrouver pour boire un verre et danser, ces pavillons sans aucune prétention sont rapidement devenus des éléments familiers de l’espace public bruxellois en été.
La conception des pavillons est étonnamment simple et repose sur des opérations architecturales élémentaires. Un cadre rectangulaire de poteaux métalliques élancés définit le périmètre du pavillon. Cette structure ouverte est protégée par une toile couleur crème, suspendue par des câbles parallèles permettant au textile d’onduler élégamment. En fonction de la météo, la toile peut facilement s’ouvrir ou se fermer. En soirée, des lampions fixés aux poteaux assurent un bon éclairage. Un kiosque adossé à cette structure métallique abrite tout l’équipement fonctionnel du bar. Grâce à sa conception modulaire, le kiosque semblable à un box est facile à monter et à démonter chaque année. Les panneaux supérieurs s’ouvrent lorsque le bar est en service, tandis que les panneaux inférieurs se déploient vers l’extérieur pour servir de comptoir.
Cette quête de simplicité ludique est devenue la marque de fabrique du jeune bureau Piovenefabi – dont le nom est une combinaison des patronymes des fondateurs Ambra Fabi et Giovanni Piovene. Basé à Milan et Bruxelles, le bureau travaille actuellement à l’extension de l’hôtel Palace le long du boulevard du Jardin botanique, mais il avait déjà laissé son empreinte dans la capitale belge à l’occasion de projets temporaires raffinés de petite envergure accueillant différentes activités. En 2018, une tente très colorée aux allures circassiennes avait été plantée devant Bozar pour l’exposition Fernand Léger, et pour l’édition 2016 de Parckdesign (biennale de design se concentrant sur l’espace public de Bruxelles pendant cinq mois), Piovenefabi avait construit son premier pavillon du genre dans le parc Duden.
Ce pavillon Parckdesign allait être à la base des sept guinguettes. S’il est conçu comme un conglomérat de trois structures fonctionnelles regroupées dans un périmètre protégé par un vélum en toile, sa fonctionnalité s’est en réalité vu réduite aux simples kiosques-bars. Le résultat est toutefois semblable : une « pièce » urbaine accueille efficacement des rassemblements conviviaux en ne faisant rien d’autre que couvrir et délimiter un espace public, et en lui donnant une orientation par la présence du bar. La structure en hauteur de l’original, qui évoquait une distillerie et servait de landmark, a été réduite à un simple lampadaire permettant aux passants de repérer le bar.
La grande différence par rapport au pavillon Parckdesign de 2016 réside dans la multiplicité du cahier des charges. Pour répondre à ces spécificités, Piovenefabi a créé plusieurs pavillons en modifiant quelques détails au niveau du design, afin que chaque version corresponde au contexte et aux exigences spécifiques des différents parcs. Cela consiste en des changements d’orientation, de dimensions, d’inclinaison et de couleur. Bien que les kiosques eux-mêmes soient construits à l’identique, leurs intérieurs s’harmonisent aux différentes couleurs des structures en métal. Grâce à cette similitude morphologique, Piovenefabi a fait en sorte que chaque pavillon soit reconnaissable en ayant recours à peu de matériaux, tout en évitant d’en faire des symboles.