À Bruxelles, XDGA, Ney & Partners et Michel Desvigne ont redonné un avenir à la place Rogier. Esplanade d’accès à la gare du Nord avant son déplacement, laissée en déshérence au fil des aménagements et destructions, elle est devenue un audacieux hub métropolitain qui lie verticalement les espaces urbains.
La place Rogier, à Bruxelles, n’est pas une simple place. Jadis appelée place des Nations, esplanade d’accès à la gare du Nord, elle était à l’époque sillonnée par les premières voitures et les premiers trams électriques au milieu d’imposants hôtels aux noms ronflants. La place respirait au rythme de la métropole et parvenait à concilier effervescence de la vie citadine et échelle humaine. L’aménagement de la jonction Nord-Midi a déplacé la gare du Nord de quelques centaines de mètres, créant ainsi de l’espace pour une place aux ambitions internationales. Lorsque par un triste matin de 2001, la magnifique tour de 117 mètres de haut du Centre Rogier, avec ses bureaux, ses appartements, son théâtre et son skybar fut détruite, Bruxelles perdit un énième élément de son identité métropolitaine.
Ne fût-ce qu’à ce titre, le projet de XDGA, Ney & Partners et Michel Desvigne est réellement précieux. Parce que dans une ville qui préfère démolir que construire, la place Charles Rogier est rapidement devenue un espace de détente, avec une mystérieuse pyramide en son centre, un centre des congrès invisible en souterrain et des hôtels dont le prestige s’est peu à peu flétri. De manière tapageuse et radicale, le projet de XDGA a totalement réussi à rendre à la place son caractère métropolitain.
La force du concept ne réside pas dans l’auvent qui saute aux yeux, ni dans sa forme radicale ou dans cette petite prouesse d’ingénierie qui maintient en équilibre le disque de 64 mètres de diamètre. La force du concept ne se trouve pas non plus dans ses dimensions démesurées. XDGA a réussi à étendre la place bien au-delà des conventions habituelles et a réalisé une place urbaine de 360 mètres de long sur 22 mètres de large où il fait bon flâner. Avec sa pierre sombre et luisante et ses grandes dalles de béton dans lesquelles sont insérés des pavés, la place Rogier devient un socle pour les bâtiments qui l’entourent, et crée même l’illusion d’une rambla méditerranéenne.
Non, la force du concept réside dans le fait que la place devient un espace vertical entre le sol et le sous-sol, où la lumière du jour pénètre par un large patio jusqu’aux quais du métro, où la place devient tangible dans sa manière de créer de façon ordonnée un hub urbain, où elle établit un lien avec les groupes d’utilisateurs souterrains et rend possible un mélange de programmes (shopping, centre de congrès, parkings, hôtels), où elle rassemble les espaces collectifs qu’elle hisse à un niveau supérieur. Avec le projet de XDGA, la place des Nations a trouvé ses ambitions métropolitaines et entre résolument dans l’avenir.